« Êtes-vous plutôt Fillon ou plutôt Juppé? » était le titre du test auquel Aymeric Misandeau et Le Scan Politique proposaient avant-hier dans le Figaro Premium à leurs lecteurs de se prêter tant il serait plus difficile qu’on le voudrait de les départager.
Ludovine de La Rochère qui, bon an mal an n’a pas tout à fait tort contre Juppé dans sa vidéo sur Bvoltaire.f de ce matin , ne se pose même pas la question. Elle a déjà choisi d’être plutôt Fillon que d’être plutôt Juppé. Pour elle, « Fillon n’est pas le candidat idéal mais, au moins, il veut rouvrir le débat ».
Mais pour les millions de citoyens chez qui la coupe est pleine depuis des décennies, pourquoi chercher à savoir si on est plutôt Fillon ou plutôt Juppé quand nous dirigent et tous ceux qui les entourent de près ou de loin ne les ont jamais défendus et jamais ne les défendront sauf en ce qui concerne ce qu’ils ont décidé pour eux? Le grand absent dans les débats, c’est d’ailleurs la voie de tous ces gens-là qu’on a bien chosifiées au statut de spectateurs.
Pourtant, ce deuxième tour de primaires, les présidentielles auxquelles elles préparent ne sont pas des matches qui ne portent pas tellement à conséquences, qu’on pourra rejouer dans un mois, ni cinq ou sept ans après, lorsque la situation déjà très grave aura encore plus que probablement empiré avec Fillon comme Juppé.
Bien sûr chacun peut se demander s’il va-t-être plutôt Fillon ou plutôt Juppé dimanche, mais ça n’appelle pas plus que ça à participer à ce deuxième tour des primaires et n’exclue pas le vote blanc pour exprimer qu’on recherche une espérance dans quelqu’un autre; même si l’espérance qu’on met plutôt dans Fillon ou plutôt dans Juppé tient principalement dans l’optique d’un après-Sarkozy et d’un après-Hollande urgent.
Passer à autre chose avec Fillon ou Juppé ne nous sortira pas de l’ornière sarkhollandaise tellement.
Alors à quoi bon finalement se savoir «plutôt Fillon ou plutôt Juppé» aujourd’hui, demain ou après-demain?
Chaque mandature est souvent très différente de la précédente comme de la suivante. Toutes s’emboîtent parfaitement les unes dans les autres ainsi depuis très longtemps. Technocratie bien huilée aidant, les politiques qu’elles promeuvent se chamaillent avec fracas sur l’accessoire mais s’entendent sourdement sur l’essentiel. et de longue date.
L’arrivée au pouvoir de Giscard d’Estaing a introduit le libéralisme en politique qui a conduit à l’arrivée du libéralisme culturel sous Mitterrand; puis au libéralisme économique et sociétal sous Chirac, Sarkozy et Hollande etc. Pourquoi ne pas imaginer la montée d’un libéralisme politique conduisant à une continuité dans les mêmes types d’excès en 2017?
Sans néanmoins tomber à dire que ce deuxième tour des primaires va être de choisir entre la peste et le choléra, n’est-on pas alors en droit de penser que toutes ces évolutions sont plus ou moins orchestrées dans les grandes lignes bien sûr et que nul ne pourra rien y changer tant que précisément rien ne sera fait pour que ces millions de citoyens qui souffrent puissent se faire entendre comme il se devrait dans une démocratie digne de ce nom.
Par d’autres biais donc, mon réel souci est que, avec Juppé on restera à Hollande et avec Fillon pour qui a quand même ma préférence, on reviendra à Sarkozy…